lundi 9 décembre 2013

EL BAILE DEL CASINO (salsa cubaine)

(texte traduit du discours de Yoel Marrero (maestro del casino) extrait du site "casinoparatodos.org)

Yanek Revilla et Diana Rodriguez



Pour raconter l'histoire du Casino il faudrait prendre comme point de départ la période durant laquelle les pratiques sociales de la danse de salon ont commencé à Cuba dans les "sociedades de recreo", qui entre d'autres noms se nommaient "casinos", "liceos" et "cabildos". Le "Casino" qu'aujourd'hui nous connaissons a pu s'être nommée "Baile de Liceo", ou "Baile de Cabildo", tentant de dire la "Danse de Salon" comme l'exprime si bien le mot "Baile de Casino". Toutes les Danses de salon cubaines sont potentiellement des "Baile de Casino" mais de manière spécifique nous nous rapporterons comme "Baile de Casino" au produit  de l'évolution de toutes les Danses de Salon cubaines (les Danses de Casino génériquement  parlant), qui selon la littérature, a été conçu durant les années 50 dans les casinos de la zone de Plage (Miramar y Marianao) de La Havane. Dès lors nous parlerons de "Baile de Casino" comme de la Danse de Salon la plus sophistiqué de la Cuba.



LOS HERMANOS SANTOS


Le surgissement du "Baile de Casino" a été accrédité de façon exclusive aux casinos de la côte ouest de la Havane, spécifiquement au "Casino Deportivo" de la "Calle Primera" de Miramar à La Havane (aujourd'hui, le "Cercle Social Ouvrier Cristino Naranjo" du Ministère de l'Intérieur) selon les thèses de spécialistes. Cependant il vaut la peine laisser un petit doute : Si le casino n'est pas un rythme, mais une façon de danser le "son" et ses différentes versions à la mode dans les casinos des années 50, à cette même époque à Cuba des "sociedades de recreo" existaient non seulement à La Havane mais dans presque toutes les villes et  villages moyennement avancés de Cuba et nous savons que des danseurs du troisième âge de Matanzas, Pinar del Rio, Santiago de Cuba, Guantanamo, Camagüey ou d'autres régions qui ne sont jamais allés danser dans un casino de La Havane, dansaient en ces périodes quelque chose qui n'était pas le "son" traditionnel ni le "danzón" mais une danse plus versatile et moderne possédant une gamme de mouvements beaucoup plus ample, et ce "quelque chose" a été pratiqué dans les "sociedades de recreo" de toute l'île; alors il faut se demander : Comment se ait-il qu'il y ait une "exclusivité" du surgissement de la danse connue comme "Casino" attribuée aux casinos de Miramar et de Marianao ? Ce doute est une piste utile pour aider à répondre au "pourquoi" de l'existence de tant de variété et de sous-styles de "casino" selon la race, le secteur social, l' âge et la région de Cuba, qui n'a pas subi d'optimisation systématique et qui est restée comme versions flottantes du "Baile de Casino" qu'aujourd'hui nous connaissons comme danse établie.



El casino deportivo (actuellement)



 Avec l'aide de livres d'histoire, des publications périodiques et chroniques d'époque pourraient s'éclaircir des éléments afin d'arriver à une très bonne version de l'histoire de la musique "bailable" à Cuba et par conséquent à une intention de raconter l'histoire du "Baile de Casino" ; construire une ligne cohérente de faits qui nous porte à une version indubitable de l'histoire de cette danse, comme une danse, ce sont d'autres "5 pesos", comme nous dirions en bon Cubain.

Commençons la révision historique par la première danse sociale qui eut un essor à Cuba : La Contradanza Criolla (Contredanse Créole) ou dit autrement la "Contradanza al estilo cubano". Son origine se trouve en Angleterre et en Normandie au XVIe siècle et son nom vient de la combinaison du mot Contry (campagne) et Dance (danse), donc littéralement : "Danse du Champ". Elle est arrivée à Cuba par trois voies : l'Espagnole, pratiquée dans la société de familles espagnoles et de Créoles riches à l'époque de la colonisation, suivie et fortifiée par la voie Anglaise durant la période dans laquelle l'Angleterre prend La Havane et en imposant ses coutumes sociales en 1762, et la voie Française qui a été la plus décisive à la propagation de ce style dans l'île à l'arrivée des réfugiés français qui ont émigré à Cuba à cause de la révolution d'Haïti en 1791

 

Yoel Marrero et Akiko Meguro


L'une des caractéristiques distinctives de la "Contradanza" était ses déplacements à travers le salon par des figures groupées en exécutant le pas basique après avoir avancé, après avoir reculé ou après avoir tourné sur 4 temps musicaux, desquels 3 étaient les temps marchés fermement comme des pas et le quatrième est une légère touche légère au sol avec le pied pour commencer la phrase suivante de trois pas avec le même pied. Ce pas basique de la "Contradanza Criolla" a été associé par des spécialistes comme un ancêtre direct au pas de base du casino. Cependant je considère que c'est une spéculation superficielle basée sur une coïncidence ou similitude visuelle entre les deux pas qui gardent en réalité fonctionnellement une grande différence. La différence réside à ce que tandis que dans la "contradanza" ce "tap" est marqué durant l'avancée sans changer le sens du déplacement, dans le casino il ne s'exécute pas dès lors qu'il n'y a pas de changement de sens dans le déplacement parce qu'il coupe le mouvement,  il s'exécute pour changer de direction brusquement en utilisant le pied de derrière (pivot interne). En plus ce "tap" de la "contradanza" ne s'effectue dans aucunes des danses apparues entre la contredanse et le "baile del casino", donc aucune raison logique n'existe pour qu'il recommence à apparaître dans le "casino",et à ne pas être par nécessité fonctionnelle complètement différent. L'autre différence ou contradiction de ces spécialistes consiste en ce que dans le "Baile del Casino" cette touche de pied s'emploie comme un frein pour changer de direction si on le sépare du sol, en utilisant la friction pour changer de sens rapidement, plus que pour marquer le rythme (bien qu'il coïncide avec le marquage du temps de pause et marque par obligation le temps musical) hors dans la "contradanza" on sépare le pied du sol pour exécuter le "pateo" ou "tap".

Ou bien, la légère touche de le pied du pas basique de la "contradanza" n'a rien à voir avec le vrai fonctionnement du mouvement du quatrième compte  (mal dénommé "tap" à Miami) dans le pas basique du "casino".

 

Emission "para bailar" , Cuba 1981.


 Nous pouvons dire que le "baile del casino" a hérité de la "contradanza" le fait de danser en groupe, à l'intérieur desquels s’exécutaient des figures chorégraphiques comme les "ruedas". La "rueda" était un facteur décisif dans la formation de la disposition spatiale caractéristique du "Baile del Casino", de plus, elle a été progressivement pratiquée dans toutes les danses intermédiaires. L'autre une pratique sociale dont a hérité le "casino" a aussi été l'existence d'un "bastonero" dans la "contradanza", qui consistait en ce qu'il se chargeait de diriger les évolutions de la danse en indiquant avec des signaux préétablis l'ordre des figures. Dans le "baile del casino" le leader de la "rueda" porte cette fonction quand elle est dansé dans cette modalité. Du point de vue du lien du couple la "Contradanza" se dansait par couple liées par une seule prise de main ou un "lien ouvert" en restant tout les deux côte à côte dans une "position ouverte" en facilitant le déplacement libre du couple malgré les caractéristiques vestimentaires de l'époque (les dames portaient un cercle dans les jupes et cela les obligeaient à garder certaine distance avec le cavalier).   


Les fondateurs de la rueda de casino


Après être arrivé à Cuba, la Contradanza est simplifiée et " ritmatisée" selon les caractéristiques musicales et sociales de l'île en donnant le lieu à la "Contradanza Criolla" qui sera à postériori la base des danse sociale cubaine. De la contredanse dérivent deux danses : la "Danza Habanera" et la "Tumba Francesa". La "Danza Habanera" est la simplification de la "Contradanza Criolla" à une danse de couple individuelle dans laquelle pour la première fois apparaît la position fermée ou "lien fermé" de couple et est pratiqué par la population blanche de la société cubaine. D'un autre côté la "Tumba Francesa" est pratiqué par la branche noire de la société cubaine à partir de laquelle il est conçu comme l'interprétation qu'ont faite les domestiques noirs des réfugiés et émigrants français venus d'Haïti à l'est de Cuba, dans laquelle un mélange arrive entre des figures en groupe de la "contradanza francesa", "minuetes" et "rigodones" avec des coutumes de danses noires dans lesquelles un danseur exécute dans couloirs libres improvisation en contrepoint avec un tambour (Yuba) (élément qui est hérité à la rumba Columbia). Bien que d'une manière inconsciente et sans connaître même l'existence de la "Tumba Francesa" actuellement, beaucoup de danseurs noirs maintiennent la coutume d'entremêler des éléments d'improvisation de mouvements de rumba sur des effets de la musique. Depuis cette époque à Cuba une division stylistique arrive dans la danse sociale entre noirs et blancs qui s'observera par la suite dans les autres danses de couple et cela justifie d'une certaine manière l'existence d'un style noir dans le "Baile del Casino". La "Tumba Francesa" a été déclaré un patrimoine Intangible de l'Humanité par l'UNESCO.

Rueda improvisé par le groupe "casino.com"


Dans les différentes caractéristiques importantes de la "Danza Habanera" nous avons à mentionner que pour la première fois la danse cubaine adopte la "position frontale avec un lien fermé" dans la danse sociale, position dans laquelle l'homme et la femme restent face à face. Cette posture s'est transmise à toutes les danses sociales cubaines comme le Danzón, le Danozonete, le Son, la Guaracha, jusqu'à arriver au "Casino".




 Luis Chacon Mendivel "aspirina" et Ismaray Chacon "aspirina"